Ridicules !

on 18 novembre 2012 | 10 Comments

Des semaines de matraquage dans les médias, de sermons dans les églises, et de mobilisation sans précédent de tout ce que le pays compte d’ouailles à coups de cars gratuit affrétés de partout n’auront réussi qu’à mobiliser une centaine de milliers de gens dans les rues pour une manifestation contre l’instauration d’un nouveau droit : celui de se marier qui qu’on soit. À peine autant de monde que pour la Gay Pride, pourtant concentrée à Paris, et appelant un public potentiel beaucoup plus restreint.

Slogans limites, voire hors-la-loi

Les arguments des opposants au mariage et à l’adoption pour les couples de même sexe restent d’ailleurs fort peu convaincants lorsqu’on creuse un peu, tant qu’on en vient à penser que la vérité est ailleurs, que l’intérêt de ces gens-là n’est pas réellement celui de l’enfant, qu’il n’est pas réellement la défense d’une institution, celle du mariage, qu’ils disent en péril. Certains slogans limites, voire hors-la-loi, achèvent de nous en convaincre.

Comment peut-on affirmer sans ciller qu’il est dans l’intérêt d’un enfant élevé par deux papas ou deux mamans d’être saisi par les services sociaux lorsque l’un des deux décède ? Comment peut-on affirmer qu’il est dans l’intérêt d’un enfant de rester dans un orphelinat plutôt que d’être élevé par un couple attentionné et amoureux ? Comment peut-on hiérarchiser les gens dans la grande famille humaine, comme l’a fait le pourtant très respectable Lionel Jospin, en affirmant que « l’humanité est structurée sur le rapport hommes femmes » ? Et franchement, qu’est-ce que ça peut vous faire que deux personnes que vous ne connaissez pas aient le droit ou non de se marier ?

Derrière des arguements de façade, l’homophobie d’une minorité trop visible

Alors oui, ces arguments ne tenant pas une seule seconde, on en vient à penser que les motivations profondes de ce groupuscule à peine plus nombreux que l’électorat de Jacques Cheminade se situent moins dans la logique que dans l’idéologie. Certains nous appellent à respecter un point de vue, mais l’intolérance étant une ignorance, et l’homophobie un délit, il n’y a point d’opinion à chercher ici. Alors que faire de cette manif, s’il faut en faire quelque chose ? Pourquoi ne pas en rire ? Après tout, il est savoureux de constater que ces braves élus de l’UMP et de l’extrême-droite, défilant ensemble en tête de cortège, en faveur de cette institution sacrée qu’est le mariage, ont tous au moins une fois divorcé dans leur vie. Ridicules, n’est-ce pas ?

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10 Responses to “Ridicules !”

  1. 18 novembre 2012

    Fabien B. Répondre

    Merci pour le lien. 🙂

  2. 19 novembre 2012

    gtre Répondre

    Beau ramassis d’amalgames, on voudrait prendre les éléments de langage cgt + fn on ne ferait pas mieux… #clapclap

  3. 26 novembre 2012

    Anna Répondre

    Pour information, des enfants qui « restent dans un orphelinat », ça n’existe pas (sauf s’ils sont handicapés et que personne ne veut d’eux, ou s’ils ne sont, justement, pas adoptables donc pas concernés par le projet de loi). Il y a moins, infiniment moins d’enfants adoptables que de couples ayant un agrément pour l’adoption. Dans ce domaine, il est intéressant de se référer aux faits plutôt qu’aux fantasmes d’enfants-aux-yeux-tristes-n’attendant-que-des-parents-aimants.

    • 26 novembre 2012

      Custin d'Astrée Répondre

      Vous vous référez à un cadre franco-français, mais la situation est totalement différente ailleurs dans le monde, où la plupart des adoptions se font.

      • 26 novembre 2012

        Anna Répondre

        Etant donné que la plupart des pays en question refusent l’adoption par deux personnes du même sexe, agrément donné en France ou pas, retour à la case départ.

        • 26 novembre 2012

          Custin d'Astrée Répondre

          Aujourd’hui, même si un pays accepte l’adoption par un couple de même sexe, celle-ci est impossible du fait de la loi française. De plus, des couples « de fait » pourront, grâce à cette loi, adopter l’enfant du conjoint.

          • 26 novembre 2012

            Anna

            On n’est donc pas, dans la grande majorité des cas, en train de parler de « pauvres orphelins délaissés », mais bien de beaux-parents voulant devenir des parents (alors que, délégation d’autorité parentale et testament par exemple, les dispositions autres que l’adoption ne manquent pas pour protéger un enfant lors du décès de son parent ou de la séparation de son parent et son beau-parent). Il me semble que ce n’est pas la même chose.

  4. 26 novembre 2012

    Custin d'Astrée Répondre

    @Anna Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit. Quand bien même le cas ne concernerait qu’une seule personne, il serait légitime pour cette seule personne de bénéficier des mêmes droits que tout un chacun. Les portes de sortie – il existe plein de dispositions légales / testamentaires qui se rapprochent plus ou moins du statut marital – ne sont que des rustines dans un système gravement inégalitaire.

    Ne pas accorder à des personnes, sous quelque raison que ce soit, les mêmes droits, du fait de leur orientation sexuelle est une discrimination légale. Le projet de loi va faire disparaître cette discrimination, et c’est tant mieux. Le seul argument valable serait de parler du bien de l’enfant, mais les études, les sociologues et l’histoire de l’humanité prouvent que la famille n’a pas toujours été fondée sur le modèle « traditionnel chrétien ».

    Remplacez vos arguments par une différentiation du mariage en fonction de la couleur de peau ou de la religion : ça devient vite insupportable. Pour l’orientation sexuelle, c’est pareil : si vous n’estimez pas qu’il y a un problème pour un enfant, alors il n’y a pas de raison de ne pas accorder ce nouveau droit aux couples qui le souhaitent. À moins d’être homophobe…

    • 26 novembre 2012

      Anna Répondre

      Sylviane Agacinski, cette homophobe notoire.
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2007/06/21/l-homoparentalite-en-question-par-sylviane-agacinski_926550_3232.html
      Pour mémoire, le seul « droit à l’adoption » qui existe est celui d’un enfant qui n’a pas de parent à être adopté, ce n’est en aucun cas un droit des adultes à adopter un enfant.
      Si vous voulez lutter pour que tout le monde ait un accès égal à l’adoption, demandez-vous si un couple pauvre peut avoir l’agrément. La réponse est non : il y a des conditions de logement et de ressource. Un couple handicapé, sourd par exemple, a très peu de chance d’obtenir un agrément lui aussi.
      Les études qui portent aujourd’hui sur l’homoparentalité portent le plus souvent sur des enfants qui ont un père et un beau-père, une mère et une belle-mère. Pourquoi pas ! C’est bien différent d’affirmer à un enfant qu’il a deux mères et pas de père, deux pères et pas de mère, et ça n’a pas forcément le même effet sur un psychisme en construction.

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