Grandes écoles : la vérité est ailleurs

on 25 mai 2011 | 16 Comments

La suppression des grandes écoles est au programme des Jeunes Socialistes. Ce point n’a pas été repris par le programme du PS mais de nombreux responsables de gauche évoquent régulièrement une fusion des grandes écoles avec les universités, ou leur abolition pure et simple.

Polytechniciens

Pour comprendre ce point de vue, je vous encourage à lire ce billet d’Olivier Bouba-Olga : on y évoque la mixité sociale que les grandes écoles ne permettraient plus, l’endogamie sociale et les dépenses publiques plus élevées dans cette voie que dans la voie universitaire. À l’opposé, ce billet de « une autre vision » défend la classe prépa en opposant d’autres arguments et en relativisant les impacts sociétaux et économiques de la filière.

Le problème est que ce débat est basé sur de fausses hypothèses. En effet, si on regarde bien la répartition de boursiers dans les deux systèmes (25 % contre 32%), la différence n’est pas si colossale. De plus, le nombre de boursiers en grandes écoles a tendance à augmenter grâce aux bourses, fondations et apprentissages de plus en plus nombreux.

Il est vrai que la majorité de nos dirigeants est issue de grandes écoles, mais ce terme regroupe des réalités bien distinctes. Quand le grand public pense aux grandes écoles, il pense à HEC, à Polytechniques, aux Mines, à l’ENS et à Science Po. Il est vrai que dans ces écoles la mixité sociale est très loin d’être une réalité  – même si Science Po intègre chaque année un quota d’étudiants issu de ZEP. En revanche, il existe plusieurs centaines d’écoles supérieures intégrant des milliers d’étudiants chaque année. Elles sont de plus en plus reconnues internationalement, accueillant de plus en plus d’étudiants étrangers. Leur réputation internationale en fait une bonne vitrine et une chance pour la France.

Vouloir supprimer les grandes écoles pour assurer la mixité sociale c’est comme casser le thermomètre quand on a de la fièvre : ça ne sert à rien d’autre que cacher l’échec de notre système éducatif. Les écarts de niveau entre les élèves issus de familles aisées et ceux en provenance de milieux populaires existent dès le primaire et ne font que s’accentuer par la suite. C’est dès l’enfance qu’il faut agir : au lycée, il est déjà trop tard.

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16 Responses to “Grandes écoles : la vérité est ailleurs”

  1. 25 mai 2011

    Yann Le Du Répondre

    Merci de rappeler qu’il existe des centaines d’autres grandes écoles que les quelques arbres qui cachent la forêt.

    Cela dit, même s’il est moins fort qu’à HEC ou à l’X, le problème de mixité sociale reste présent, notamment en raison du coût élevé de l’inscription (mais on n’est pas au niveau des États-Unis). Développer le sponsoring d’étudiants par des entreprises qui les embaucheront à la sortie me semble une meilleure piste qu’une suppression égalitariste.

    • 25 mai 2011

      vinzzz Répondre

      Foutaises sur le ‘coût’ de l’inscription !
      (ou, plus gentiment: « mauvais argument ! »)

      Les frais d’inscription dans la plupart des écoles d »ingénieurs sont de l’ordre de 1000 € / an (frais de scolarité dans les écoles d’ingénieurs – 2007), ça ne me semble pas abusif, si on compare au cout des inscriptions aux US, ou des facs françaises.
      Et le sponsoring fonctionne déjà bien avec celles-ci, avec de nombreux partenariats écoles/entreprises. (bien mieux qu’en université par exemple, notamment via l’implication des réseaux d’anciens élèves)

      Cela dit, pour les écoles de commerce, les frais d’inscription sont globalement plus élevés : 13 200 € / an à HEC, entre 7000€ et 12000€ en moyenne par an (source). Je rejoins un peu plus votre commentaire s’il se restreint à ces écoles.

      Attention aussi de ne pas mettre Polytechnique et HEC sur le même plan en terme de frais d’inscription.
      Le cas de Polytechnique est un cas particulier, qui date de sa création par Napoléon : les élèves français, avec un statut militaire d’officiers(le temps de leur scolarité) touchent une solde durant leurs études !
      Ce dispositif, voulu à la base pour permettre aux élèves talentueux ayant les origines les plus modestes de suivre ces études, n’est sans doute plus nécessaire : 75% des élèves ayant : 1 père cadre, 1 mère enseignante, mais cela permet à un fils de chauffeur de taxi (un pote) d’y faire sa scolarité. La mixité sociale y est donc potentiellement bien plus grande que dans une petite école de commerce.

      Merci donc de vous renseigner, afin d’éviter ce genre de généralités malheureuses.

      —-
      Sur le billet, d’accord avec une chose : c’est dès la primaire et le collège qu’il faut agir.
      Et pour préciser mon point de vue : aucun élève ne devrait être laissé sur le bord au collège, mais les profs ont assez peu de pouvoir face aux parents d’élèves, ou aux obligations de résultats des directeurs d’établissement (que le gouvernement aimerait gérer comme des entreprises !)…
      Le rôle de l’école, notamment avant le BAC, ne devrait pas être de donner une qualification (‘sponsorisée’ par McDo?), mais de doter les enfants du bagage intellectuel minimum leur permettant d’affronter le monde de façon autonome !
      (Le but, c’est d’en faire des adultes, pas de leur obtenir un CDI !)
      Pas besoin de 20 disciplines non plus. Français (& mathématiques) devraient être remis au centre !

      • 26 mai 2011

        Yann Le Du Répondre

        @vinzzz : Un peu moins de condescendance serait la bienvenue, car je crois qu’on ne parle pas de la même chose. Dans son billet, Custin dit : « Quand le grand public pense aux grandes écoles, il pense à HEC, à Polytechniques, aux Mines, à l’ENS et à Science Po. (…) En revanche, il existe plusieurs centaines d’écoles supérieures intégrant des milliers d’étudiants chaque année. » Je parle de ces autres écoles.

        Il est bien joli votre classement de l’Étudiant, mais aussi bien sélectif. Si vous avez le niveau pour Centrale, Mines/Ponts, l’X ou les ENS, tant mieux pour vous, vous ne payerez effectivement pas trop cher. Malheureusement pour moi, mon niveau c’était plutôt EFREI/ESIEA/EISTI/ESME Sudria ou ESTP. Et là c’est 5000 € / an minimum…

        Et concernant HEC et l’X, je parlais bien de mixité sociale et pas de frais d’inscription. Je suis bien au courant du statut particulier de l’X, merci. Je veux bien que la mixité sociale y soit « potentiellement » plus grande qu’à HEC, mais reconnaissez tout de même que c’est un monde bien à part et bien entre soi…

        • 26 mai 2011

          vinzzz Répondre

          @Yann

          Pardon si mon ton a semblé condescendant – ce n’était pas l’intention – j’avais l’impression d’un commentaire ‘impressioniste’, lancé sans argumentation.
          D’où le classement, trouvé sur l’Etudiant. Mais effectivement, si celui-ci ne reflète qu’une infime partie de ce qui existe, mea culpa donc…

          « c’est un monde bien à part et bien entre soi »
          Arf! là encore, pas d’argumentation…
          Qu’en savez-vous ?

          • 27 mai 2011

            Yann Le Du

            Disons que c’est ce que j’ai observé dans la majorité des X que j’ai pu rencontrer… mais ce n’est pas la totalité, heureusement ! Après, si vous me dites que mon expérience n’est pas forcément un échantillon représentatif, je ne pourrai qu’être d’accord avec vous !

  2. D’accord avec toi ! Mais quelques précisions supplémentaires : tous les dirigeants ne sont pas issus des grandes écoles : en particulier, Nicolas Sarkozy vient d’une fac de droit (Paris X).

    Je tiens aussi à rappeler qu’un système de « classes d’excellences » réservées aux familles les plus socialement défavorisées avait été créé pour la préparation (sur 2 ansà au concours d’entrée à l’ENA. Après leur premier passage à l’examen cet année, aucun n’a été reçu. Ce qui montre qu’il est bien beau de vouloir changer les choses, si les élèves n’ont pas le niveau pour rentrer par les voies normales, ils n’auront pas non plus le niveau par des voies détournées.

  3. 26 mai 2011

    Steven Répondre

    Si l’école de la République ne fait que perpétuer les inégalités d’origine, c’est bien qu’elle ne remplit pas sa mission ?

  4. 26 mai 2011

    Steven Répondre

    Et je reste sur la question politique, est-ce au contribuable de payer pour une école dont la majorité des élèves sera issu des classes les plus aisées de la société, je ne suis pas convaincu que cela soit très juste même si parfois des élèves issus des classes populaires arrivent à y mener de brillantes études. Le contribuable n’est pas là pour financer l’entre soi social il me semble ? La méritocratie ne résiste pas à l’épreuve des statistiques.

    • 26 mai 2011

      Custin Répondre

      Encore une fois, la majorité des grandes école n’est pas sous régime public et ne touche aucun euro de l’État. Ce qui coûte relativement cher, c’est les classes prépa. Mais elles ne sont pas le seul moyen d’intégrer des grandes écoles. Et leur gratuité est justement nécessaire pour garantir un minimum de mixité sociale (si elles étaient payantes, il n’y aurait carrément QUE des élèves issus de milieux aisés !).
      Je le répète : on ne guérit pas un fiévreux en cassant le thermomètre !

      • 26 mai 2011

        Yann Le Du Répondre

        @Custin : « Ce qui coûte relativement cher, c’est les classes prépa. » Houlà, non ! Si c’est une CPGE en lycée public, c’est quasiment gratuit…

        • 26 mai 2011

          Custin Répondre

          @Yann : je me suis mal exprimé. Je voulais dire : « ce qui coûte relativement cher pour l’État »

      • 26 mai 2011

        Yann Le Du Répondre

        Oups, pardon, j’avais mal compris ton commentaire. Ça coûte cher en fonctionnement, mais c’est rendu gratuit.

        • 26 mai 2011

          Custin Répondre

          Ce qui est cher en fait c’est que les profs sont à plein temps sur 1 ou 2 classes, dont le nombre d’élèves est réduit. Mais au lieu de vouloir niveler par le bas en supprimant ces classes, il faudrait plutôt réfléchir à généraliser le système en nivelant par le haut !

      • 26 mai 2011

        Steven Répondre

        Quand je parlais d’école c’était pour réagir à Vinzz sur Polytechnique. Sinon je ne dis pas qu’il faille faire payer aux élèves issus des catégories les moins aisées au contraire… le système actuel n’aurait rien de choquant si les inégalités d’origine n’étaient pas aussi déterminante.

        Alors tu as raison, c’est à la base qu’il faut aller chercher le problème mais nos élites au sens si peu démocratique s’y intéressent-elles vraiment de l’école du « tout venant » alors qu’elle est souvent issu d’établissements les plus protégés et les moins ouverts à la diversité sociale ?

  5. 27 mai 2011

    vinzzz Répondre

    Notre ‘éducation nationale’ fondée sur la vision de l’Ecole de Condorcet, comme lieu de maximisation des savoirs, et les répercussion de cette vision dans notre société…

    J’vous présente Franck Lepage, qui nous démontre qu’aujourd’hui « l’école est là pour confirmer des hierarchies sociales »
    http://www.youtube.com/watch?v=LLQ8AjyAX30

    (n »hésitez pas à commencer à la partie 1, et d’enchainer les vidéos, c’est passionnant…)

  6. 27 mai 2011

    Steven Répondre

    Intéressant en effet mais ça ne donne pas envie de défendre le système actuel !

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