Ça suffit ! Il faut que les agences de notation cessent de mettre des mauvaises notes aux États ! C’est du moins ce que beaucoup demandent, notamment l’Union européenne qui souhaite créer sa propre agence de notation pour n’avoir que des AAA.

Plus sérieusement, accuser de tous les maux les agences de notation revient à peu près à accuser la cour des comptes d’être à la solde du PS lorsqu’elle met en avant la mauvaise politique gouvernementale : s’il fait froid, c’est la faute du thermomètre ! Pour comprendre le rôle des agences de notation, il faut se remettre sereinement dans un contexte historique : elles ont vu leur essor après la crise de 1929 lorsque les investisseurs voulaient être sûrs des entreprises et institution à qui ils prêtaient de l’argent, car sans confiance l’économie libérale tourne au ralenti.

Les agences sont donc une nécessité dans une économie capitaliste, sans quoi les échanges seraient beaucoup plus lents et difficiles. Elles sont la conséquence et un sous-jacent du système économique libéral et non un monstre destiné à affaiblir et appauvrir les plus faibles. Elles sont aussi un marqueur, un peu comme les grosses lettres noires sur les paquets de cigarettes qui informent les fumeurs sur les dangers de leur addiction : ceux qui investissent en Grèce actuellement savent que le risque de défaut existe. Ce risque est connu, ces gens qui prêtent à des taux hallucinants au peuple grec savent qu’il y a un risque non négligeable de ne jamais être remboursé. C’est donc en toute connaissance de cause qu’ils le prennent : il ne faudra pas les plaindre lorsque ces usuriers perdront leur argent.

Les agences ne sont donc ni la cause, ni la conséquence de la crise, mais simplement un instrument qui permet le fonctionnement d’un système économique. Cela n’empêche personne de penser que ce système est bon ou mauvais, c’est simplement que le problème est ailleurs. Dès le moment où le système capitaliste ne fait plus en sorte que ceux qui ont pris des risques inconsidérés puissent perdre, voire disparaître, alors ce système ne peut plus fonctionner de la manière où ses défenseurs le décrivent. Il est à craindre pour le capitalisme que, comme le dit Damien Saez : « le système est corrompu, c’est sa définition ».