Notre-Dame-des-Landes restera peut-être la plus grosse erreur du Gouvernement, erreur d’enfant têtu qui veut son jouet contre toute logique, contre tout entendement. Jean-Marc Ayrault, promoteur du projet d’implantation d’un second aéroport dans la région nantaise, s’y accroche quitte à mettre en péril durablement le soutien des écologistes à son Gouvernement, mais également le soutien d’une partie non négligeable de la gauche, tout comme Manuel Valls, qui a décidé d’utiliser la force contre les citoyens qui s’opposent au projet en occupant les terrains destinés à accueillir l’aéroport.

Photo AFP/JF MONIER

Attention au retour de boomerang pour le Gouvernement

Pourtant, aucun raisonnement sérieux ne peut laisser continuer cette stupidité sans nom : l’aéroport existant à Nantes est loin d’être saturé – sa fréquentation est même en baisse – et l’ensemble des annonces publiques depuis Nicolas Sarkozy vont dans le sens d’un soutien privilégié au train plutôt qu’à l’avion. Les finances des collectivités et de l’État se passeraient bien de ce gouffre financier durable qui n’a pas fini de plomber les comptes de la région Pays-de-la-Loire et de la France. Aujourd’hui, nombre de régions et de départements s’acharnent à promouvoir leur aéroport local, quitte à y mettre beaucoup d’argent, alors que les effets bénéfiques sur les économies locales sont plus que contestées.

Ayrault, tel un gamin s’accrochant à son jouet

Mais Ayrault, restant le petit baron local qu’il était avant d’être Premier ministre, s’accroche à son bébé, tel un gamin à sa sucette. Bêtise d’enfant gâté qui veut, peut-être, laisser son nom à cette superstructure pour la postérité. Que de choses détruites pour un égo : une zone écologique à l’intérêt formidable – une des dernières vraies zones de landes et de bocage en France – la vie de nombreux citoyens déplacés, la confiance de nombreuses personnes en le discernement du Gouvernement. Enfin, l’égo n’est pas seul en présence : la pouvoir financier et politique de Vinci, qui a quand-même réussi à s’approprier nos autoroutes et à transformer le contribuable vache à lait durable dans les innombrables PPP (partenariats public-privé), impose sa volonté à de nombreux édiles locaux, transformant les débats publics en farces, les études d’impacts en propagande soviétique.

Par pitié, M. Ayrault, tant qu’il est encore temps, faites preuve de sagesse et n’aggravez pas votre cas. Nantes n’est qu’à 2h15 de Paris en train, et a déjà un aéroport. Votre projet va à contre-courant de l’histoire, il est temps de retrouver la sagesse qui a fait votre réputation.