Humiliation : le suicide des peuples

on 3 janvier 2011 | 0 Comment

Avoir peu de raisons de se plaindre n’enlève pas le droit à l’indignation, droit que je vais immédiatement mettre à profit dans ce billet. Voir l’actualité tous les jours mène à un sentiment d’impuissance. De l’impuissance naît une petite révolte personnelle à laquelle mes actes quotidiens répondent dans une volonté de progresser vers plus d’intégrité.

Un exemple, regarder l’Année du zapping sur Canal Plus est un exercice particulièrement déprimant et criant. Et je ne dis pas que c’est devenu un exercice plus déprimant que par le passé. Non, c’est un exercice déprimant, comme ça l’a toujours été, et ça l’est une fois de plus cette année. Il point en moi l’idée que les peuples sont fortement influençables, et influencés par une élite dirigeante qui n’est pas guidée par l’envie de servir les intérêts des peuples qu’elle administre. Je pense que cela est dû à la nature même de notre façon d’agir. Pour prendre un cas pratique du zapping : la fausse émission Zone Xtrême montre comment de simples candidats – des Monsieur Tout le monde – peuvent devenir, grâce à un environnement psychologique adéquat, de véritables tortionnaires. C’était un remake de l’expérience de Stanley Milgram aux États-Unis qui a démontré que nous étions tous très sensibles aux règles et au respect de l’autorité, inculquées dès notre petite enfance par nos parents.

Traité de Versailles, 1918

Tout cela explique beaucoup de choses, comme pourquoi nous aimons réélire des gouvernants dont nous savons qu’ils sont corrompus, ou mauvais, du moment qu’ils font montre d’autoritarisme. Outre la soumission à l’autorité, l’homme est également guidé par la volonté de reconnaissance comme l’a mis en avant Philippe Labro dans Les Gens. La soif de reconnaissance qui guide les guerres, les révoltes, et les décisions pas toujours logiques des peuples a son corollaire : le sentiment d’humiliation. Un homme humilié aura souvent un comportement incohérent. Un peuple qui se sentira humilié élira des populistes à sa tête, et ceux-ci, au nom du salut public, toucheront rapidement aux libertés. C’est ce qui se passe en Hongrie, c’est ce qui s’est passé aux États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 et c’est ce qui s’est passé dans l’histoire à chaque fois qu’un peuple s’est senti humilié : il se suicide.

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