Couchée, la République

on 3 janvier 2012 | 0 Comment

La République de Hongrie est devenue au 1er janvier 2012 la Hongrie, tout court, à la suite de l’adoption par le pouvoir en place d’une nouvelle constitution. Sans entrer dans les détails juridiques que cela implique, pourquoi cette constitution est-elle décriée par l’opposition et par de nombreux pays ?

Manifestations en Hongrie

Il y a pour commencer l’appellation. Un pays qui s’appelle « République » se définit en fonction de ses institutions. Un pays qui s’appelle uniquement par son nom se définit comme une nation. Ainsi, la nouvelle constitution hongroise définit les Hongrois par leur origine ethnique, et non plus selon leur appartenance à ce pays. D’ailleurs, le préambule contient de nombreuses références historiques et religieuses.

Ensuite, elle altère profondément la capacité, pour le peuple, de choisir ses représentants : elle permet au gouvernement de nommer des postes clefs à fort pouvoir contraignant pour une durée plus longue que son propre mandat. Ainsi, même en cas de changement de majorité, les décisions de l’actuel pouvoir conservateur ne pourront pas être remises en cause. Enfin, le mode de scrutin est modifié de façon à favoriser le pouvoir en place.

La nouvelle constitution n’est pas seule en cause : le gouvernement conservateur de Viktor Orban en place depuis 2010 est également accusé de faire taire les journalistes d’opposition via des licenciements et la fermeture des fréquences réservées aux médias indociles.

Il sera très intéressant de suivre l’évolution de ce que l’on peut considérer comme une prise de pouvoir autoritaire : un succès de la stratégie Orban pourrait donner des idées à d’autres gouvernements conservateurs d’Europe à une époque où les difficultés économiques projettent de plus en plus de citoyens dans les bras de partis populistes et autoritaires. L’histoire a montré que s’il est très facile de perdre la démocratie, c’est souvent par la guerre qu’on la regagne.

Bien que chaque pays soit différent, ce cas montre le danger d’un système où les parlementaires sont choisis sur un modèle fortement majoritaire : avec à peine 53 % des voix, la coalition conservatrice a obtenu plus de deux tiers des sièges. De quoi avoir les mains totalement libres pour faire ce qu’elle veut, et elle ne s’en prive pas. Ce fut le cas en France jusque récemment. Il serait bien de faire en sorte que ça ne se reproduise plus.

Photo: Photo Laszlo Balogh/Reuters

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