Usines à gaz ordinaires.

on 25 août 2011 | 0 Comment

Récemment dans une entreprise a été mis en place un système automatisé de suivi et de gestion des pointages des ouvriers. Auparavant, ceux-ci passaient leur carte dans un lecteur magnétique chaque matin en arrivant et chaque soir en partant.

Les temps modernes

La limite de ce système très simple était le suivant : l’entreprise savait parfaitement quand les ouvriers arrivaient et quand ils partaient, ce qui était très utile pour réaliser les fiches de paye, mais elle ne pouvait pas deviner sur quel projet ils travaillaient. Pour cela, des relevés étaient réalisés de manière fastidieuse sur des feuilles de présence par des chefs d’équipe, ce qui entraînait beaucoup d’erreurs même si globalement le résultat était satisfaisant.

Pour automatiser tout ça, l’entreprise a alors fait un gros chèque à une boîte de consultants qui a inventé un nouveau système tout à fait révolutionnaire : un système informatisé. Mais, comme aucun ouvrier n’avait à sa disposition un micro-ordinateur professionnel afin de noter ses pointages par projet, c’est le chef d’équipe, qui au lieu de remplir une feuille de présence papier, tapait les informations sur son PC. Le problème est donc resté le même, la seule différence étant que désormais les erreurs arrivaient plus rapidement.

Pour corriger le tir, la direction a décidé de prendre une mesure incitative en inscrivant pour les chefs d’équipe un objectif lié aux erreurs commises. Ceux-ci, pour se couvrir, ont donc demandé aux ouvriers de passer beaucoup plus de temps sur leurs feuilles de présence. Ce temps perdu a entraîné une baisse immédiate de la productivité et donc une hausse du coût horaire de la main d’œuvre. Les chefs d’équipe ont donc été sanctionnés pour ces mauvais résultats.

Oh, ne vous attendez pas à la moindre morale à la fin de cette histoire : il n’y en a pas. Les chefs d’équipe ont finalement plus ou moins abandonné le système de pointage car leur objectif « pointage » était moins important que leur objectif « productivité ». Aujourd’hui la direction, avec l’aide d’un cabinet de conseil, réfléchit à une nouvelle méthode qui consisterait à installer un système de badges pour chaque projet.

Pour la petite histoire, le résultat de ce pointage est consigné dans un système qui fonctionne mal et qui n’est pas beaucoup utilisé faute de fiabilité dans les chiffres remontés.

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