La liberté ou la sécurité

on 30 novembre 2015 | 3 Comments

Après les nouveaux attentats perpétrés par des djihadistes à Paris en ce mois de novembre, la France sous le choc s’est forcément retournée vers nos gouvernants afin d’obtenir des réponses, des actions, et la certitude qu’une telle chose ne se reproduira pas.

Malheureusement, aucun homme politique d’envergure en France n’a eu le courage de dire la vérité, c’est-à-dire qu’il n’y a aucun moyen de s’assurer qu’un attentat soit quelque chose d’impossible à réaliser dans notre pays. Aucun. Notre classe politique, pas du tout à la hauteur des événements, a même joué au concours de celui qui apporterait le plus rapidement ses propositions de mesures aussi simples et rapides à mettre en place que liberticides et inutiles. Ridicule et symbolique d’une société où la course à l’élection se fait au détriment du bien commun et du vivre ensemble.

Dans la hâte, le Gouvernement s’est empressé de prolonger l’état d’urgence de trois mois, sous les applaudissements presque unanimes du Parlement et des sondages, tout en en modifiant les règles, sans réfléchir sur le fond de l’opportunité d’une telle mesure et sans encadrer sévèrement les dérives qui pourraient résulter de cette situation d’exception au droit commun prolongée sur une période aussi longue. Si la situation actuelle justifie l’état d’urgence, alors il sera encore justifié dans trois mois, car rien n’aura changé d’ici là. Engager notre pays dans une restriction temporaire des libertés sans qu’un événement précis ne puisse en marquer la fin est quelque chose de dangereux. Et les abus ont très rapidement été constatés (et recensés) , comme il fallait s’y attendre, au point que le Président a dû publiquement freiner les ardeurs de ses Préfets zélés.

Alors, oui, il y a une vérité que peu d’hommes politiques ont osé affirmer, car elle est une reconnaissance de la limite des pouvoirs publics : il est impossible d’empêcher un attentat de ce type. Tout au plus est-il possible d’en limiter le risque, mais au prix de mesures très lourdes pour l’économie, les libertés, la démocratie. Sous l’occupation, le pire état policier que la France a connu n’a pas empêché les Résistants de traverser la ligne de démarcation, de faire circuler des armes, d’exploser des ponts. Fermer les frontières, surarmer les policiers, en multiplier le nombre et leur donner tout pouvoir ne suffira pas à nous protéger.

Le terrorisme ne s’arrêtera que quand sa source sera tarie : instabilité chronique au Moyen et Proche-Orient, conflits en Syrie, Yémen, Afrique-du-Nord, conflit interminable entre Israël et la Palestine, guerres de religion intra musulmanes… La tâche est énorme est bien plus difficile qu’une simple loi sécuritaire de plus.

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3 Responses to “La liberté ou la sécurité”

  1. 30 novembre 2015

    Nicolas Répondre

    Hé ho ! T’avais déjà fait trois billets, cette année. Reste calme.

  2. 30 novembre 2015

    leo Répondre

    C’est la « stratégie du choc » !
    Les États-Unis ont fait la même chose en 2001 et on avait déjà vu ces dérives, confirmées plus tard de manière très concrète par Julian Assange et Edward Snowden. On ne peut pas dire qu’on ne savait pas, mais nous avons la mémoire courte.

    Certes les politiques ne sont pas à la hauteur, mais nous avons aussi une responsabilité collective à reconduire toujours les mêmes pantins. Voire même des délinquants multirécidivites comme P. Balkany ou bien d’autres dans son camp.

    leo
    (Sur le même thème: http://mangobanana.com/blog/2015/11/a-mes-amis-musulmans/)

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