De l’ingratitude en entreprise

on 15 juin 2011 | 4 Comments

La croyance en une juste reconnaissance des efforts réalisés reste très forte chez de nombreux cadres. Plus je me donne à fond pour l’entreprise, plus mon chef le reconnaîtra et plus je serai récompensé, soit par une augmentation, soit par une promotion, etc.

Ce sentiment perdure souvent longtemps chez les jeunes cadres, malgré plusieurs désillusions. Mon avis est qu’il est illusoire de rechercher de la reconnaissance de la part d’une entité comme une entreprise : elle ne fonctionne pas comme un cerveau humain, en dons et contre-dons. Une entreprise est un groupe, et l’intelligence d’un groupe est inversement proportionnelle au nombre de ses membres. Pas l’intelligence collective, qui permet d’avancer de concert et de faire face à la concurrence, mais l’intelligence individuelle qui permet de traiter spécifiquement chacun des membres du groupe.

La mémoire collective est très courte sur les actions individuelles, et surtout très sélective. Faire des heures sera rarement remarqué. Par contre, prenez un ou deux après-midi de congés, et vous serez « celui qui est tout le temps en congé ». De la même façon, une entreprise change, les gens bougent et celui qui est votre chef aujourd’hui ne le sera peut-être plus au moment de l’entretien.

La meilleure façon de construire sa carrière est de le faire à son rythme, en étant épanoui dans son travail. Ce qui est récompensé, reconnu, c’est la compétence, la disponibilité, la sympathie. Le travail mal fait est tellement monnaie courante que quelqu’un qui répond de manière aimable, rapide et efficace à une requête sera vite reconnu comme quelqu’un de bien (au risque de se voir submergé par les requêtes). Mais ça ne voudra jamais dire qu’il y aura récompense en retour. Celle-ci est liée à des critères complètement différents : réalisation chiffrée d’objectifs pas toujours productifs, impression générale du chef, etc.

Attendre une reconnaissance, c’est surtout prendre le risque d’être très déçu, de ne « pas comprendre » qu’après « tout ce que j’ai fait pour la boite » qu’on n’a qu’une augmentation de 0,3 %. Qu’après 30 ans à faire de nombreuses heures sup non déclarées, on se fasse virer comme une merde sur l’autel de la restructuration. Une entreprise n’est pas foncièrement méchante, c’est juste que, comme le scorpion, c’est dans sa nature.

 

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4 Responses to “De l’ingratitude en entreprise”

  1. 15 juin 2011

    Carwi75 Répondre

    Excellent article .. Tellement vrai … Mais difficile de ne pas attendre de la reconnaissance, c’est humain et remonte a très loin dans notre enfance … Bien scinder ses émotions quand vient l’heure de l’au-revoir, tête froide pour négocier sa sortie …
    La seule inexactitude concerne le scorpion … Sont pas tous comme ça .. Parole de scorpion !

  2. 15 juin 2011

    Renaud Répondre

    Pour ma part, je suis dégoûté du monde du travail alors je ne bosse plus, je laisse cela à tous les moutons. Je hais le travail, le monde de l’entreprise et par dessus tous les patrons. Les patrons, je les aime au bout d’une corde uniquement.

  3. 16 juin 2011

    Nico_Parker Répondre

    http://idle.slashdot.org/story/11/01/05/1516204/When-Smart-People-Make-Bad-Employees

    Ou comment les gens qui réfléchissent trop sont un problème pour l’entreprise.
    A lire, avec les commentaires. Très intéressant.

  4. […] ne faut Jamais attendre de la reconnaissance de quiconque… http://www.365mots.com/?p=1017 […]

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