Dette et impôts : attention aux effets pervers

on 5 août 2011 | 0 Comment

La question de la dette des pays occidentaux prend une proportion et une ampleur très importantes aujourd’hui du fait d’un possible défaut de paiement que l’on n’imaginait même pas possible il y a quelques années.

Il est vrai que des dettes trop élevées rendent vulnérables au marché les États qui les contractent. On l’a également vu précédemment sur ce site, il y a une réelle tendance depuis quelques décennies à faire exploser la dette lorsque le pays traverse une crise. Cette explosion est souvent liée à une volonté gouvernementale de mettre en œuvre une politique keynésienne de relance par la dépense publique. La hausse structurelle des dépenses publiques a également plus d’impact en temps de faible croissance que durant les années fastes. La troisième cause d’aggravation de la dette reste indéniablement liée aux mesures fiscales de baisse de certains impôts destinés aux ménages à revenu ou patrimoine élevé.

Le phénomène peut être résumé ainsi : une partie de l’imposition est remplacée par de la dette. Autrement dit, les ménages à forte capacité d’épargne ont vu en quelques années une partie de leurs revenus sortir de l’impôt pour être investis en obligations publiques. L’État a donc en quelque sorte remplacé des impôts – c’est-à-dire une contribution obligatoire payée par les ménages – en emprunts – argent versé volontairement à l’État et remboursé par l’État contre intérêts.

L’aubaine ne s’arrête pas là : il est en effet beaucoup plus aisé pour un gouvernement de justifier une politique de baisse drastique des dépenses publiques – ou rigueur – à un moment où la dette est pointée du doigt. Or, la baisse de ces dépenses est elle-aussi vue d’un bon œil par les ménages les plus riches, car ce sont eux qui en bénéficient le moins, étant contributeurs nets.

Il n’est donc pas nécessaire de pousser le raisonnement beaucoup plus loin pour se rendre compte que l’alourdissement de la dette n’est pas sans intérêt pour un gouvernement conservateur dont l’électorat est plutôt aisé. Attention toutefois aux effets pervers de ce jeu de pompier pyromane : une moindre redistribution des richesses accentue les inégalités et tire vers le bas les revenus de ceux qui ont la propension à consommer la plus élevée. L’effet à long terme est donc bien une baisse des profits des entreprises et des investisseurs et un impact négatif sur la croissance.

(photo : photo libre)

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