Donc ça y est, l’ensemble des débats de la primaire socialiste ont eu lieu. D’abord, ils furent six candidats à présenter leurs convictions et leurs programmes, et à en débattre à trois reprises. Ce soir, ils ne furent plus que deux, face auxquels les présentateurs de la chaîne publique s’acharnaient à recueillir les ambitions qu’ils formulent pour la France.
Le débat politique est un exercice que je n’aime pas. En effet, je reste profondément gêné par le spectacle qu’il m’inflige. Il consiste, pour des bonshommes en de nombreux points identiques à ce que je suis, à expliquer comment, à eux seuls, ils vont régler tous mes problèmes. Mais plus grave encore, il consiste pour ces mêmes personnes à m’expliquer qu’eux mieux qu’un autre sont les plus aptes à prendre des décisions à ma place.
Quand je dis « ma place », je pense à celle du citoyen, dont la seule marge de manœuvre dans un système représentatif consiste à choisir son tyran. Alors, de cette façon, on a droit au spectacle de paons qui font la roue, en expliquant qu’ils vont faire, ordonner, décider ci et ça, garantir telle réforme, organiser telle discussion citoyenne.
En cela, le quinquennat de Nicolas Sarkozy, qui heureusement prend fin, fut l’archétype de la dictature élective. Après chaque « Grenelle », le Président montait à la tribune en présentant la synthèse qu’il en avait tiré et en édictant une série de décisions qui allaient ensuite être débattues pour la forme à l’Assemblée.
Il y a quelques siècles, un mec plutôt intelligent du nom de Platon estima que quoiqu’il arrive, le pouvoir corrompt celui qui l’exerce. En d’autres termes, la démocratie telle que nous l’appelons aujourd’hui consisterait simplement en le choix de ceux qui vont abuser du pouvoir qu’on va leur donner. Étymologiquement, la démocratie est le pouvoir du peuple, mais dans les faits, le régime dans lequel nous vivons ne diffère de la dictature que par le choix de celui qui exerce le pouvoir : celui-ci n’appartient en aucun cas au peuple.
Alors on pourra gloser à l’infini sur les qualités, sans doute exceptionnelles, de nos gouvernants, il ne sera pris de décisions dans notre intérêt que quand nous exercerons réellement le pouvoir qui nous est dû. Mais le chemin qui reste à accomplir pour y arriver est encore très long.
1 réponse to “La technique du paon”
15 octobre 2011
Non, Aubry et Hollande, ce n’est pas pareil.[…] François Hollande plaide pour une nouvelle république, mais sans changer en profondeur les institutions : il prétend que c’est l’usage qu’il fera de la Vème République qui […]