Les pigeons, les rapaces, et les petites graines

on 7 octobre 2012 | 0 Comment

Avez-vous suivi l’épisode des pigeons ? Pour résumer, des « entrepreneurs » se sont soulevés sur les réseaux sociaux, rapidement rejoints par l’UMP et le MEDEF, afin de dénoncer une réforme fiscale emblématique de François Hollande : l’alignement des impositions sur le capital et le travail. En clair, jusqu’ici, les plus-values de cessions d’actions bénéficiaient d’une taxation plus légère que les revenus du travail. Avec cette réforme, toute plus-value réalisée devra être intégrée à la déclaration d’impôt sur le revenu. On passerait donc d’une imposition de 21 % à un taux variable en fonction de la plus-value réalisée, de 0 à 45 %.

La fronde des entrepreneurs, auto-qualifiés de « pigeons », dont certains mettent en doute la spontanéité, a largement été récupérée par divers rapaces qui ont terni l’image du mouvement. Les critiques les plus insistantes se sont faites sur la supposée atteinte à l’esprit d’entreprendre. Combien de fois avons-nous entendu qu’avec cette mesure, plus personne ne voudrait créer d’entreprise en France. C’est sans compter que les plus-values liées à la vente d’une entreprise par son créateur bénéficient d’une large décote. De plus, il est inimaginable que le déterminant d’une création d’entreprise soit la fiscalité sur la revente. Lorsqu’on monte sa boite, c’est pour être son propre patron, pour vivre une aventure, pour accomplir un but, mais pas pour faire une plus-value. Celui qui monte une boite pour des raisons uniquement fiscales a de grandes chances d’échouer.

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En réalité, la réforme proposée par le Gouvernement effraye surtout les investisseurs, c’est-à-dire ceux qui misent de grosses sommes sur des start-ups ou des jeunes entreprises dans l’optique de faire une forte plus-value quelques années plus tard. Et encore, même eux bénéficient d’une décote si les actions sont détenues suffisamment longtemps. Les grands perdants seraient donc réellement les spéculateurs.

La fiscalité pour les entrepreneurs pourrait être, certes, différente. Pourquoi ne pas imaginer, comme il s’agit en quelque sorte d’une rémunération différée, d’imposer la plus-value de la même façon qu’un salaire : on la diviserait par le nombre d’années de détention pour obtenir le taux, qu’on appliquerait à la totalité de la somme, comme si elle avait été gagnée au fur et à mesure.

En attendant, nous n’avons pas fini de nous faire manipuler par ceux qui veulent nous faire croire que l’entrepreneur est un dieu qu’il faut défiscaliser à tout prix.

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