Pourquoi le référendum en Alsace est un échec ?

on 9 avril 2013 | 2 Comments

Dimanche dernier, les Alsaciens étaient appelés aux urnes pour un référendum local sur la fusion des trois collectivités locales de la région, les Conseil généraux du Bas Rhin et du Haut Rhin, et le Conseil régional d’Alsace. Cette fusion a été rejetée à cause d’une trop forte abstention et du rejet des électeurs du Haut Rhin.

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Les commentateurs politiques et médiatiques ont cru bon d’expliquer ce résultat par un milliers de raisons qui, souvent, se contredisent. Selon Christine Boutin, le non l’a emporté parce que les Alsaciens aiment les collectivités locales lorsqu’elles sont nombreuses. Selon Jacques Attali, le PS était divisé sur la question. Plus sérieusement, on peut déceler dans ce résultat trois fondements majeurs : l’échec patent de notre système démocratique, un fort besoin de proximité, et une défiance totale en tout ce qui vient des politiques.

Depuis maintenant quelques années, les référendums proposés par nos responsables politiques sont systématiquement rejetés ou ignorés par les citoyens. Les opposants à la démocratie directe se servent de ces résultats pour prouver que, évidemment, il ne sert à rien de donner plus de pouvoir aux citoyens, qui se fichent pas mal de toutes ces histoires et qui votent n’importe comment. C’est oublier que, dans les pays où le référendum est fréquent et d’origine citoyenne, les réponses données sont sérieuses et enthousiastes.

Les habitants du Bas Rhin se sont désintéressés du référendum, ceux du Haut Rhin l’ont rejeté : cela souligne le peu d’intérêt de la population pour ces histoires de mandats, de petits fiefs locaux et de combines politiciennes. La différence de résultats entre les deux départements exprime également une certaine peur pour les habitants du Sud de la Région voir s’éloigner le centre décisionnel, ignorant que, dans tous les cas, l’éloignement du pouvoir est plus social que géographique.

Dans tous les cas, ce référendum a montré, une fois de plus, à quel point les citoyens étaient dégoûtés de la politique telle qu’elle est menée actuellement dans notre pays. Les extrêmes ont encore gagné, et c’est une bataille de plus remportée dans cette guerre que nous allons tous perdre. La réforme des collectivités locales est nécessaire, mais doit se décider avec les citoyens, qui ne veulent pas se voir imposer une solution clefs en mains.

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2 Responses to “Pourquoi le référendum en Alsace est un échec ?”

  1. 11 avril 2013

    Alexandre Répondre

    Le traitement de la localisation du pouvoir m’interesse fortement.

    A la lecture de ton post, tu expliques le rejet de ce référendum par plusieurs raisons mais celle de l’éloignement du pouvoir local me questionne.

    Psychologiquement, je me sens toujours plus proche de mon maire que de mon député. Pourtant mon député a une fonction et un pouvoir plus important au niveau des projets .

    Je me pose donc la question sur l’impact de la géographie en politique.

    Est il toujours efficace d’élire un député, un président , et imaginons un président de l’UE?

    L’efficacité serait plutot jugé sur notre vision démocratique de notre pays c’est a dire que nos idées soient mis en place ou au moins donné .

    • 11 avril 2013

      Custin d'Astrée Répondre

      Qui dit éloignement dit méconnaissance. La démocratie représentative suppose de déléguer notre souveraineté à quelqu’un. Comment choisir la bonne personne ?

      Plus la personne est éloignée, moins on a confiance. Si vous élisez votre maire, vous le connaissez et savez si vous pouvez lui faire confiance (même si vous lui faites en quelque sorte un chèque en blanc). Pour le pays, vous ne pouvez vous fier qu’à son programme et à ce que les médias disent de lui. La confiance est donc plus ténue.

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