Nombreux sont les journaux qui soulignent l’excellent été médiatique du ministre de l’Intérieur : caracolant en tête dans les sondages d’opinion, Manuel Valls a réussi, alors que ses collègues étaient plus ou moins en vacances, à faire l’actualité, surfant sur des sujets qui, en leur temps, ont fait le succès de Nicolas Sarkozy : insécurité, Roms, immigration.
Ce sont des sujets qui font mouche auprès de l’opinion : le ras-le-bol d’une grande partie de la population est réel vis-à-vis d’une insécurité ressentie. Je dis ressentie, car, en réalité, les chiffres montrent que la délinquance baisse sensiblement depuis plusieurs décennies (2012 fut notamment un record à la baisse avec 665 homicides contre plus de 1000 en moyenne les décennies précédentes). Ce qui est de plus en plus présent, ce sont les incivilités du quotidien, les menus larcins, les agressions, souvent verbales, voire visuelles, avec la pauvreté. Toute la sévérité de la justice ne pourra rien contre ceci, même si beaucoup sont persuadés de l’inverse, puisque le discours de Valls est soutenu par une majorité de personnes.
François Hollande semble pieds et poings liés face à son ministre : sa popularité – il est un des seuls ministres à porter l’adhésion de la majorité – est telle qu’il ne peut s’en débarrasser. Pourtant, il le devrait : Valls n’applique pas les promesses du Président, il mène une politique dans son ministère à l’opposé du programme du PS et de François Hollande : ce dernier a donc toutes les raisons de le démissionner.
Stratégiquement, également, il doit s’en séparer. En légitimant le discours de la droite, il la légitime auprès des partisans de la gauche. C’est le même phénomène qui a vu le FN revenir en force ces dernières années, alors que Sarkozy s’appropriait ses thématiques. Face aux idées, en général, les Français préfèrent l’original à la copie. Une fois convaincus par les propos de Valls, ils iront voter pour ceux qui les portent le mieux : l’UMP et le FN. Pas le PS.
La stratégie de Valls est celle d’une victoire à la Pyrrhus : cela fonctionnera peut-être pour sa carrière personnelle, mais le PS, et la gauche toute entière, n’en sortiront pas victorieux.
Le traitement médiatique d’un fait divers au mois d’août #infographie pic.twitter.com/li4yNDP54v
— Custin d’Astrée (@custinda) August 11, 2013
3 Responses to “Pourquoi Hollande doit se débarrasser de Manuel Valls ?”
30 août 2013
herveLEj’avait fait un commentaire mais il n’a pas du fonctoinner (ou a été modéré? dsl si c’est le cas)
Il me semble que Monsieur Valls est plutot un arriviste, qui utilise son positionnement à gauche pour faire carrière mais est intérieurement (haha) de centre droit.
Les électeurs de gauche feraient bien de ne pas s’y faire attraper!
Non?
31 août 2013
AlexandreUn ministre amnésique du passé.
Manuel Valls a commencé au Parti Socialiste dans les années 80. On peut croire que ce type d’idée ne faisait pas parti de ses idées phares. A l’époque Mitterandienne, l’insécurité était plus forte qu’à notre époque mais moins visible pour tous. Il aurait été interessant de se forger une véritable vision de l’homme politique et encore plus du ministre.
Dans cette periode , il a rencontré des « experts » comme Bauer et Fouks.
La communication au service de popularité.
La popularité est le premier objectif de Valls. Grâce à EuroSg, un cabinet de communication tenu par Fouks , le grand monsieur de la com en 2012, Valls essaie de devenir un présidentiable. Il fait de la politique comme les Français aiment bien, émotionnelle, divertissante et surtout rassurante mais malheureusement en 2017 lors du bilan sûrement inefficace.
Un homme politique ne doit il pas avoir ses propres convictions avant d’avoir un mandat ?
Et encore une fois, quel est l’interet des sondages de popularité pour la société ?
31 août 2013
AndersSa dernière sortie contre l’essayiste Soral et l’humoriste Dieudonné a donné l’impression qu’il cherchait à (se) donner des gages de bonne conscience.
C’est un peu dommage : si ces gens-là doivent être combattus, c’est sur leur terrain – celui des idées. On abat pas des gens comme ça en en faisant des martyrs de leur cause.
Mais combattre leurs idées serait le signe que la Gauche a de quoi les combattre : des hommes. Et des idées.
A défaut, on envoie l’Inspection des impôts et des milices communautaires faire le (sale ?) boulot.