L’arrestation de Ratko Mladić réveille en moi des souvenirs d’enfance, me rappelle la façon dont j’avais appréhendé cette guerre de Bosnie, bien plus complexe qu’avait pu être la guerre du Golfe : à des gentils et des méchants bien identifiés par les médias dans un paysage désertique schématisé à outrance a succédé une guerre complexe, avec beaucoup de parties impliquées, des alliances obscures, des populations entrelacées, etc.
Ce n’était pas réellement une guerre comme on avait pu les apprendre à l’école : un pays envahit un autre, une coalition le libère. Pour tout dire, je ne comprenais pas bien ce que ces gens avaient bien pu se trouver comme raisons pour se mettre sur la gueule. Toutefois, très rapidement, les principales victimes prenaient un nom : Musulmans. On voyait des visages de gens simples, de paysans, malmenés par le conflit. On était loin de la guerre digitale que celle de Bush père avait été, avec des missiles téléguidés sur des cibles militaires. Là, le peuple souffrait, la guerre paraissait bien plus réelle.
Cet effet était accentué par la proximité du conflit : en Europe, à quelques heures de chez nous, qui vivions bien tranquilles dans un quotidien épargné. J’étais petit, je pensais pouvoir entendre le bruit des bombes en tendant l’oreille les soirs après avoir vu les images au journal télévisé.
Et puis des noms sont devenu familiers : Franjo Tudjman du côté croate, Slobodan Milosevic, Radovan Karadzic et Ratko Mladić côté serbe. Personne du côté bosniaque si ce n’est ces gens, hagards, meurtris par le conflit. Et vinrent les horreurs : Srebrenica, cernée, des épurations ethniques, des fosses communes, des charniers, des exécutions de masse, sous les yeux des casques bleus. Et un responsable politique rapidement désigné : le président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic. Et un responsable militaire identifié, le visage du mal au 20 heures : Ratko Mladić.
Sa cavale était restée une plaie béante pour l’Europe, le symbole d’une guerre toujours pas finie, d’un échec encore flagrant de l’occident, et un message d’encouragement pour tous les dirigeants coupables de crimes contre l’humanité. Son arrestation signe un soulagement, sa condamnation à une lourde peine marquera la fin définitive de ce conflit, qu’on ne devra jamais oublier.
1 réponse to “Ratko Mladić”
27 mai 2011
Romain / VariaeJe pense que l’impuissance de la communauté internationale sur cette guerre a conduit a plus d’interventionnisme par la suite. Un mal pour un bien …