La règle d’or : un gigantesque foutage de gueule

on 27 juillet 2011 | 3 Comments

C’est l’histoire d’un gigantesque foutage de gueule : le Président de la République envoie à tous les députés, opposition comprise, une supplique leur demandant de bien vouloir souscrire à sa dernière lubie en date : la règle d’or.

Nicolas Sarkozy

Non, vous ne rêvez pas, l’homme qui est à l’origine de près de 40 %* de notre dette donne une magnifique leçon de rigueur et d’intégrité budgétaire à la Nation toute entière ! Et ce, évidemment, en totale méprise de ce dont il est censé être le garant : la Constitution. En effet, celle-ci ne lui permet pas de s’adresser aux parlementaires de cette façon, mais c’est un détail.

Alors nous n’avons plus qu’à espérer que cette mesure, qui en soi n’est pas forcément mauvaise, ne soit pas soutenue par l’opposition. Car il s’agit là uniquement d’une manœuvre destinée, alors que la primaire socialiste débute, à diviser l’opposition. Alors que notre dette explose par sa faute depuis son élection – seule un tiers de cette hausse est attribuée par la Cour des Comptes à la crise – ces leçons de bonne gestion ne doivent pas nous abuser. Il n’y a aucune raison de voter une telle modification constitutionnelle à moins d’un an d’élections générales. Ce genre de mesures est à décider en début de mandat, pas en toute fin, sauf si l’on veut se construire une virginité économique sur les centres d’une fuite en avant budgétaire.

En étant optimiste, on pourrait se dire que l’opposition ne va pas se laisser prendre dans ce piège, et rejeter comme un seul homme la règle d’or. Mais il suffit que quelques députés ou sénateurs socialistes en mal de démarquage dans la course à la présidentielle le suivent pour que tout soit perdu. Mais le risque d’une telle démarche de la part du Président n’est pas seulement interne au PS : à mener cette bataille, et en cas d’échec, la crédibilité de la France et sa note pourrait s’en voir affectées.

Mettre la France en danger pour ses intérêts propres : voilà bien une chose à laquelle Nicolas Sarkozy nous avait habitué. Décidément, il est vraiment temps que cette sale législature cesse !

 

Nicolas Sarkozy est ministre du budget sous Édouard Balladur de 1992 à 1994. Durant cette période, la dette augmente de 75,3 milliards d’euros en 1993 et de 54,60 milliards en 1994, ce qui fait une augmentation globale actualisée au taux de croissance de 131,57 milliards dus à M. Sarkozy.

De mars à novembre 2004, M. Sarkozy est ministre de l’économie, des finances et de l’industrie du gouvernement Raffarin. Prenons comme hypothèse que ses choix ont influé à 50 % seulement sur le budget de cette année qui connaît une augmentation de la dette de 73,5 milliards. Cela fait donc 36,75 milliards dus à son action, auxquels il faut ajouter les 131,57 milliards de 1994 réactualisés au taux de croissance soit en 2004 164,47 milliards d’euros. On a donc un total de 201,22 milliards en 2004.

Enfin, à partir de 2007, Nicolas Sarkozy est Président de la République. Entre 2007 et 2010, l’augmentation de la dette est de 407,74 milliards d’Euros, ce qui, actualisé au taux de croissance et additionné avec la dette actualisée de 2004 fait un total à fin 2010 de 621 milliards d’euros. Sachant que la dette totale de la France à fin 2010 est de 1 558 milliards, Nicolas Sarkozy est donc responsable de 39,9 % de celle-ci. Données INSEE.fr

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3 Responses to “La règle d’or : un gigantesque foutage de gueule”

  1. […] La règle d’or : un gigantesque foutage de gueule […]

  2. […] mots de la politique (10) : Sarkozy, Aubry, « Règle d’or » ShareNicolas Sarkozy avait lancé dans le débat public l’expression de « règle d’or » ; Martine […]

  3. 20 août 2011

    Stat75 Répondre

    A 200% d’accord avec vous. La meilleure réaction entendue à ce jour pour moi, est celle du feu ministre de la défense, Hervé Morin :

    « Nicolas Sarkozy aurait été bien inspiré d’écouter les centristes quand, en 2008, lors de la révision constitutionnelle, ils ont voulu instaurer la +règle d’or+ », a lancé M. Morin, qui « entend encore le président » lui expliquer « que l’idée d’inscrire des règles pour faciliter la vertu était inutile », le « retour à l’équilibre budgétaire » étant « une question de volonté politique ».

    Tout est dit!

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/08/11/97001-20110811FILWWW00407-sarkozy-aurait-du-nous-ecouter-morin.php