Proposition 9 – La vie plutôt que la bourse

Parce que simplement juger ce que les autres proposent sans soi-même faire de propositions c’est de nature à attirer les commentaires de trolls du style « tu critiques, tu critiques, mais tu proposes quoi, toi, connard ? », voici quelques propositions rapidement résumées que j’aimerais voir dans les programmes de nos candidats favoris.

Proposition 9 : la vie plutôt que la bourse

Bourse

Qu’est ce que le bon sens nous commande de faire face à un système qui est utile dans 0,01 % des cas et qui s’avère nuisible 99,99 % du temps ? Je vois que vous levez tous le doigt pour répondre d’un seul homme: il faut le supprimer ! Maintenant penchons-nous sur la bourse.

Quelle est sa fonction première ? C’est évidemment d’apporter des fonds aux entreprises qui veulent se développer par l’ouverture des capitaux. Très bien. Sauf que cette opération est très largement minoritaire : selon l’AMF, en 2010, il n’y a eu que 444 opérations visées (augmentation de capital, entrées en bourse, OPA, OPE,…). En réalité, la très grande majorité des opérations sont des millions d’ordres d’achats et de vente réalisés par des ordinateurs à la nanoseconde près dans le but de faire des micro-profits qui, multipliés à l’infini, deviennent des méga-profits. Bref, la bourse, c’est quasiment que de la spéculation.

Alors que faire ? La supprimer ? Ce n’est pas illogique, car par la spéculation, la bourse est nuisible à l’économie par nature : elle décourage les investissements peu rentables à court terme alors qu’une entreprise gagne à se développer à long terme ; elle décourage même ce pour quoi elle est faite, c’est-à-dire fournir du capital, car celui-ci dilue la valeur des actions.

Voici mes propositions :

–          Supprimer la cotation en continu et la remplacer par une cotation mensuelle ou trimestrielle afin de ralentir le système et d’éliminer tout micro-trading.

–          Taxer les transactions financières sur deux taux différents. Une taxe égale à la TVA pour toute revente d’action moins d’un an après l’achat, une taxe très faible (moins d’1 %) pour toute revente d’action au-delà d’un an de détention.

–          Inclure les bénéfices du capital dans l’assiette du calcul de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP) afin que chaque euro gagné soit imposé de la même façon pour tous.

–          Supprimer le règlement différé ainsi que les opérations à découvert : chaque opération doit se payer comptant.

–          Plafonner toute rémunération variable à 30 % de la rémunération fixe pour éviter tout appât du gain lié à des transactions à risque.

–          Chaque euro de dividende versé doit entraîner le versement d’un euro de prime aux salariés.

Ces mesures ont été largement inspirées des travaux de Frédéric Lordon qui m’ont été recommandés par Steven Dutartre.

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3 Responses to “Proposition 9 – La vie plutôt que la bourse”

  1. 20 août 2011

    Stat75 Répondre

    – « remplacer par une cotation (…) trimestrielle » : ahurissant, en clair, si une entreprise est en train de s’effondrer (perte de part de marché, nouvelle concurrence, …), maintenir son niveau de cotation constant pendant 3 mois permet au contraire aux investisseurs de retrouver leurs billes. D’ailleurs, je me demande qui seraient les gogos en face près à racheter ces actions visiblement surcotées… idem dans l’autre sens, la grosse aubaine. Maintenir un prix fixe pendant un trimestre, c’est carrément le retour à la réglementation des prix de la plus belle époque des plans quinquennaux communistes de notre pays. Le problème il me semble, n’est pas le temps (échanges à la nanoseconde ou au trimestre ou à l’année même) mais de trouver l’équilibre offre/demande à chaque échange.

    – « Chaque euro de dividende versé doit entraîner le versement d’un euro de prime aux salariés » : exceptionnel en effet, mais j’ai peur de ne pas comprendre.
    Si la société verse 10 centimes de dividende par action, elle doit aussi verser une prime de 10 centimes à son salarié ? ou plutôt si la société verse 1 million d’euros pour ses 10 millions de titres émis, elle doit verser l’équivalent de 10 millions de prime à répartir sur ses 100 salariés par exemple ? Parce que là, ça fait du 10.000 euros de prime par salarié… mais comme vous plafonnez à 30% (!) la partie variable du salaire, les petits salaires vont se faire écrêter et pas les nantis. Assez paradoxal je trouve.

    Nonobstant du fait que, par principe, faire sous forme de prime une partie non négligeable du salaire permet d’échapper sérieusement aux cotisations sociales, on spolie la Sécu un max.

    – « Taxer à un taux de TVA avant un an de détention, et à 1% après, c’est en gros ce qui se passe déjà pour certains produits financiers où on ne demande plus que des prélèvements sociaux après 4 ans par exemple. Mais cela peut se comprendre pour un produit qui n’a que peu de risque. Par contre, dans le cas de risque plus élevé, comme en bourse, cela va surtout rebuter les investisseurs d’entrer dans le capital de la société sauf si elle a pignon sur rue, les volumes d’échanges de titres au second marché seront donc ridicules.

    Mais j’ai été trop long, j’aurais dû dire, Lordon et Mélenchon, même combat stérile de la sphère financière.

  2. 20 août 2011

    Stat75 Répondre

    En fait, à la réflexion, le problème n’est pas d’empêcher la spéculation. C’est même stimulant.

    Non, ce qui rend la Bourse si exécrable, c’est surtout les banques, qui se financent à taux presque 0% auprès de leur banque centrale et qui se gavent ainsi tellement de liquidités en excédent qu’elles les placent en Bourse et font ainsi des bulles artificielles et monter la Bourse.

    Ce qui finit un jour par attirer les gogos qui, une fois la vraie valeur de l’action assise sur les résultats de l’entreprise, perdent toutes leurs économies et aident ainsi les banques à rembourser leur emprunt auprès de la banque centrale.

    Ma proposition donc, simple à mettre en oeuvre, c’est que les banques doivent être interdites de jouer en Bourse, mais se limiter à faire des prêts auprès des PME qui sont le vrai tissu économique de notre pays. Je me demande comment Lordon n’y a pas pensé d’ailleurs.

  3. 14 avril 2012

    Gillesri Répondre

    L’intention est louable. Les propositions discutables. Alors oui, il faut que nos gouvernants européens et mondiaux se mettent autour d’une table pour trouver les solutions qui permettront de supprimer la spéculation.
    Le capitalisme est en train de s’effondrer car il favorise plus le court terme que le long terme. Investir est tout a fait louable si c’est dans la durée. Actuellement, les fluctuations boursières sont un frein au développement d’une politique économique.
    Interdire aux Banques et aux particuliers la possibilité de spéculer est une nécessité sans quoi, notre monde finira dans le chaos.
    La cupidité est dans l’homme, la favoriser est irresponsable.
    Si nous voulons une société harmonieuse. C’est le rôle de la politique de fixer des règles. Malheureusement, les peuples, notamment occidentaux, profitant majoritairement d’un certain confort n’ont pas la volonté d’imposer à leur dirigeants l’obligation de mettre en oeuvre des lois rétablissant le pouvoir du politique, dont du bien commun face au pouvoir de l’individu, qui comme je l’ai dit ci-dessus est le plus souvent cupide.
    Laisser un enfant sans éducation et vous aurez un adulte sauvage.
    Laisser la finance sans règles et vous aurez le résultat actuel : des riches profiteurs qui s’enrichissent chaque jour un peu plus sur le dos des entrepreneurs et des salariés.
    J’espère en un homme politique visionnaire mais je sais aussi qu’il ne peut exister que si la situation est telle que celui-ci peut émerger. C’est malheureusement dans les situations de guerres et de crise que l’homme se révèle au-dessus de sa condition d’homme imparfait.

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