Prix à la pompe : Total régal

on 18 août 2011 | 5 Comments

Le ministre l’a déclaré haut et fort le 19 juillet 2011 : « Les baisses du prix du carburant ont été répercutées aussi vite que les hausses ». Circuler, y a rien à voir. Sauf que nous sommes nombreux à nous poser la question de la répercussion réelle à la pompe.

Christophe de Margerie, PDG Total

Cette désagréable impression de se faire avoir avait déjà été ressentie au moment du passage à l’Euro qui n’avait, dit-on, pas engendré d’inflation galopante. Sauf que Madame Michu voyait bien que le prix de sa baguette de pain avait été arrondie, et pas en sa faveur.

Il faut savoir que quand Total vous facture 1,56 € votre litre de super sans plomb 98, 87 centimes vont dans les poches de l’État, soit environ 56 % du total. En réalité, le gazole est taxé à 49 % environ, le sans plomb à 56 % et le GPL à 23 %, soit quand-même plus que la TVA.

Pour vérifier la répercussion des variations du brut sur le carburant, il faut donc prendre en compte les prix hors taxes pour éviter tout biais ainsi que la valorisation en euros du prix du pétrole. Les données ci-dessous viennent du Ministère du Développement durable. Ce sont des moyennes déclaratives envoyées obligatoirement par les distributeurs chaque semaine. Je les ai comparées avec le cours du « Crude Oil » coté  au NYMEX (New York Mercantile Exchange), converti en euros.

Le record fut atteint le 8 avril dernier avec un brut à 78 euros le baril. Je me suis donc basé sur cette date pour voir si l’intégralité de la baisse connue depuis a été répercutée. Eh bien non ! Au 12 août 2011, le brut a perdu environ 23 % alors qu’à la pompe le gazole perdait 8 % et le SP95 environ 5 %. Ces écarts étant peut-être dus aux frais structurels des pétroliers, il faut voir si les hausses sont répercutées de la même façon.

Comparatif carburant / pétrole

Entre le 1er octobre 2010 et le 11 mars 2011, le brut gagnait 23 %. Si les hausses sont répercutées dans les mêmes proportions que les baisses, alors le carburant devrait gagner entre 5 % et 7 %. Dans la réalité, ils gagnaient 35 %. Pour faire simple, à prix de brut égal, le litre de Gazole était à 54 centimes hors taxes en avril 2010 et à 65 centimes en février 2011. En bref, on se fout bien de notre gueule.

Photo le JDD

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5 Responses to “Prix à la pompe : Total régal”

  1. 9 septembre 2011

    Tassin Répondre

    Bonjour,

    As-tu utilisé la formule officiel de calcul des prix des carburants pour réaliser ce graphique?
    A savoir prix à la pompe=(brut+TIPP)*TVA
    Merci et bravo pour ce blog!

    • 9 septembre 2011

      Custin Répondre

      Bonjour et merci pour ton commentaire.
      J’ai simplement pris les montants HT et TTC publiés tels quels par le site du ministère. Point de calcul.

      • 9 septembre 2011

        Tassin Répondre

        Ok très bien.
        Contrairement à l’idée reçue et entendue 100 000 fois dans notre entourage, jusqu’à présent les hausses et baisses du cours du baril étaient très bien répercutées à la pompe. Jusqu’à cet été! Ton graphique le montre très bien.

        Je suis ce sujet d’assez près et mon outil de calcul des prix (tableur excel, je peux te l’envoyer si ça t’intéresse) ne fonctionnant plus depuis le début de l’été j’ai commencé à me dire qu’il y avait un bug. Tu l’as fort bien démontré.

        • 9 septembre 2011

          Custin Répondre

          Depuis janvier la courbe des carburants s’éloigne quand-même beaucoup de celle du brut.

          • 9 septembre 2011

            Tassin

            Oui c’est vrai. C’est plutôt 2011 qui marque le départ de la non-répercution du prix du brut.

            Cela-dit c’est un phénomène complexe à analyser car il y a un problème structurel de raffinage en Europe. Pour faire simple : le parc routier s’est très fortement diesélisé ces 15 dernières années, obligeant les raffineries Européennes à exporter leur sans-plomb vers les USA et à importer du diesel (50% du diesel est importé en France il me semble à cause du manque de capacité de raffinage). Du coup les marges sur le raffinage ont beaucoup varié, ce qui peut expliquer en partie (et en partie seulement) la décorrélation du prix du gasoil. Pour le reste c’est dans la poche des pétroliers.

            Au passage, cette dieselisation est le résultat d’une volonté politique : 60,69 cts de TIPP sur le SP contre seulement 42,84 pour le gasoil.

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