Logement social : le mensonge de Laurent Wauquiez

on 18 décembre 2011 | 6 Comments

La majorité est tellement vaste que, pour exister, certains de ses membres sont obligés de créer des niches idéologiques pour pouvoir s’adresser à telle ou telle catégorie d’électeurs. Par exemple, Claude Guéant s’adresse aux électeurs du FN, Jean-Pierre Raffarin s’adresse aux cadres dirigeants, et Laurent Wauquiez, lui, a décidé de faire des « classes moyennes » son cheval de bataille.

Laurent Wauquiez à la fête de l'oiseau

Et évidemment, défendre les classes moyennes ne signifie rien de plus pour M. Wauquiez que les opposer aux plus pauvres – puisqu’à l’UMP on ne saurait s’attaquer frontalement aux plus riches – avec quelques propositions et prises de position typiques sur le logement social sans pour autant donner de définition de ce qu’il entend par « classe moyenne ». Il semblerait toutefois qu’il y inclut tous ceux qui seraient susceptibles de voter pour lui.

«  Il faut que le logement social soit accessible en priorité aux gens qui travaillent » dit-il, avec l’exemple de la pauvre infirmière qui fait une heure trente de trajet quotidien pour aller sur son lieu de travail alors que le chômeur, qui n’a rien à faire de ses journées et pourrait très bien habiter en lointaine banlieue, est « prioritaire pour le logement social ». On reconnaît là une rhétorique très efficace : prendre un exemple « massue » qui parle à tout le monde, et qui est indiscutable, et énoncer une idée reçue qui est, si on se penche sur la réalité, complètement fausse.

L’accès au logement social n’est pas réservé aux chômeurs, loin de là : pour bénéficier d’un HLM il y a certes des critères de revenus, mais qui sont assez élevés. Par exemple, l’infirmière célibataire de M. Wauquiez doit gagner moins de 2 395 euros par mois pour obtenir un logement : elle entre donc dans les critères. Ensuite, le conseil municipal de la commune concernée se réunit et attribue à chaque logement vide trois dossiers sélectionnés. Enfin, c’est l’organisme HLM bailleur qui sélectionne un des trois dossiers. En général, l’organisme, pour s’assurer des rentrées de loyer, choisit le dossier le plus intéressant pour lui, c’est-à-dire celui présentant les meilleures garanties.

Bref, M. Wauquiez propose, à grand fracas, comme bien souvent, quelque chose qui existe déjà au lieu de discuter avec son ami le ministre Benoist Apparu de la faiblesse du parc de logements sociaux des centres des grandes villes.

 

Photo MaxPPP

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6 Responses to “Logement social : le mensonge de Laurent Wauquiez”

  1. 18 décembre 2011

    Thaliane Répondre

    A cela, ajoutez que ces fameux 500.000 français qui ont renoncé à un emploi pour cause de logement (c’est à dire pour cause de renchérissement du coût du logement en cas de mobilité et/ou d’éloignement de leur lieu de travail) sont majoritairement locataires du social ou propriétaires.
    Eh oui, l’étude du Credoc (commandée par le Medef) sur laquelle s’appuie Laurent Wauquiez démontre que plus on augmente le taux de propriétaires, plus on fait reculer la mobilité géographique et plus on fait avancer le chomâge.

    • 18 décembre 2011

      Custin Répondre

      Sans compter qu’il faut rappeler que de nombreuses entreprises éliminent des candidats dont le logement est trop éloigné. Écarter les chômeurs en lointaine banlieue rend donc plus difficile leur retour à l’emploi.

  2. 19 décembre 2011

    Custin Répondre

    Cet article montre d’ailleurs que l’exemple (de l’infirmière) utilisé par Laurent Wauquiez est maladroit dans le sens où l’UMP a récemment agit contre la construction de HLM pour loger du personnel d’un hôpital
    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/224382;logements-sociaux-compassion-limitee-a-la-mode-wauquiez.html

  3. […] bien les ambitions, et de l’autre une « droite sociale » qui, sous la houlette de Laurent Wauquiez, entend pour sa part s’occuper des classes moyennes. Pour un peu, on se demanderait s’il y a […]

  4. 31 décembre 2011

    François Dubreuil Répondre

    Proposer quelque chose qui existe déjà est une tactique couramment employée en Sarkoland. Au point qu’elle aurait mérité un répertoire permettant d’en lister les utilisations pour montrer l’étendue de la pratique.
    Dommage de n’y penser que maintenant, mais il n’est pas trop tard. Il faudrait s’y mettre à plusieurs.
    Si la chose tente quelqu’un, je suis partant.
    Ne lâchons rien.

  5. 1 janvier 2012

    gomme Répondre

    On délocalise en envoyant tous les pb sociaux à la campagne. Le logement social en zone rurale est un echec dont les politiques autant de droite sue de gauche en créant des logement sociaux en faisant appel à des bailleurs sociaux privés dans les zones ruales ou le taux de chomage est très élévé et ou les gens ont très peu de chance de trouver du travail – On cache la pauvreté à la campagne.- ceci est une réalité.

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