La perte du AAA : un non-événement

on 15 janvier 2012 | 0 Comment

Une agence a dégradé la note de la dette française, et c’est tout le monde politique qui est en ébullition. D’un côté la majorité qui avait fait de cette note son thème central se retrouve prise à son propre piège : en pariant sur le fait que nous ne perdrions notre AAA qu’après les élections, elle voulait se donner des munitions contre la gauche : la dégradation viendrait nécessairement des socialistes, et voter pour eux mènerait nécessairement à la banqueroute de l’État.

Nicolas Sarkozy

En effet, malgré toutes les dénégations possibles, malgré la réalité des faits, dans l’imaginaire populaire c’est la gauche qui ne sait pas gérer un budget, qui est dépensière et c’est de droite que vient la bonne gestion. Il était donc logique pour l’UMP de surfer sur cette idée reçue en jouant la surenchère du bon président qui se bat pour le désendettement alors que ses différents mandats ont été ceux où la France s’est le plus endetté.

À en lire les déclarations des un-e-s et des autres, on frise le lourdingue à la fois dans les rangs de la majorité et de l’opposition : la perte du triple A est un non événement qui avait déjà été anticipé par les marchés – la France emprunte depuis quelques temps à des taux très éloignés d’un pays noté AAA – et la solution à ce problème déjà toute trouvée : il faut que la Banque centrale européenne prête aux États à des taux proches de zéro, ce qu’elle n’a pas le droit de faire aujourd’hui.

C’est ce que font la plupart des pays du monde, sauf l’Europe, et c’est notamment ce qui a permis aux États-Unis de vivre totalement sereinement la dégradation de leur note par Standard & Poor’s il y a quelques mois déjà.

En Europe, tout se déroule comme si nous étions un laboratoire du libéralisme international, des gogos prêts à se prêter bien volontiers aux règles d’un jeu auquel tout le monde à part nous triche : tout le monde fait du protectionnisme, sauf nous ; tout le monde joue avec sa banque centrale pour s’endetter, sauf nous ; tout le monde met quand il le faut la finance au pas, sauf nous. D’ailleurs, dans l’histoire, ceux qui ont fait comme nous – Argentine, Venezuela, Pérou,… – ont tellement perdu à ce jeu qu’ils en sont violemment revenus, et avec succès !

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