Pour en finir avec le libéralisme

on 6 juin 2011 | 3 Comments

Le libéralisme est né à une époque où les aspirations d’une partie de la population, la bourgeoisie aisée, se sont trouvées en phase avec celles des catégories les plus pauvres, à savoir abolir l’aristocratie. Celle-ci, en effet, possédait le pouvoir politique et maîtrisait les règles économiques. La mise en place du libéralisme permit à ceux qui possédaient les richesses mais pas le pouvoir de le prendre. Dans ce processus, jamais les catégories populaires n’ont tiré leur épingle du jeu.

Adam Smith

Le libéralisme est basé sur un postulat : la liberté et la responsabilité individuelle contribuent au bien commun (la main invisible). Mais le postulat de départ de cet équilibre universel est sous-tendu par des conditions draconiennes :

–          Un seul intervenant ne peut pas influencer le marché à lui seul. Or, c’est ce vers quoi tend le capitalisme par la concentration du capital. Les lois anti-trust sont rarement appliquées et les acteurs, mondiaux, brisent la neutralité du marché.

–          Les agents doivent être rationnels, c’est-à-dire que leurs actions ne sont guidées que par la recherche de la satisfaction personnelle. Or, l’homme ne fonctionne pas vraiment comme une machine : il a des sentiments, des passions, est souvent irrationnel.

–          L’homogénéité doit être la règle : tous les emplois, tous les produits doivent être interchangeables. Inutile de dire que c’est utopique.

–          Le marché doit être transparent. Or, la tendance de l’économie de marché est vers la tentation de masquer l’information. Voir notamment lobbies qui militent pour limiter l’étiquetage, autoriser des clauses obscures dans les contrats, etc.

–          Le marché doit être accessible : ce critère est difficile à remplir dans de nombreux secteurs d’activité, tant le coût d’entrée sur un marché, les habitudes et les ententes instaurent naturellement des barrières.

–          Les acteurs doivent être mobiles. C’est une des erreurs le plus souvent commises : croire que les consommateurs, ou les producteurs, peuvent réaffecter immédiatement leurs capitaux en fonction de leur intérêt.

Pour résumer, le libéralisme en tant que tel est basé sur un axiome dont les conditions ne peuvent pas être réunies dans le monde dans lequel nous vivons. Il n’est pas adapté en tant que tel à l’être humain. Pas plus que le communisme d’ailleurs. Alors à quoi bon faire d’immenses sacrifices pour une utopie ? La vérité est ailleurs.

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3 Responses to “Pour en finir avec le libéralisme”

  1. 6 juin 2011

    Tassin Répondre

    Très bonne conclusion en 3 lignes!
    Effectivement le libéralisme fonctionne sur le papier, tout comme le communisme.
    Le problème est que l’un comme l’autre reposent sur une conception fausse de l’humain.
    A savoir que le communisme prétend que le développement collectif entraine le bien-être individuel et le libéralisme que la somme des actions individuelles indépendantes conduisent au bonheur collectif. En gros.

    Il se trouve que la conception de l’humain est entre les 2. Toutes les sciences humaines montrent que l’Homme grandit et gagne sa liberté grâce aux interactions avec son environnement (éducation, relations avec les autres, etc), ce qui lui permet ensuite d’entreprendre des actions personnelles qui amèneront à une satisfaction de l’individu.

    Une personne entièrement individualiste (càd qui n’agit que par intérêt propre), ou qui serait éduquée sans adultes autour d’elle n’a aucune chance d’avoir un réseau de liens sociaux suffisamment étendu pour se sentir suffisamment soutenu afin de prendre des risques individuels.
    Pour prendre un exemple concret : Imaginez le nombre de personnes qui prendraient des risques à créer une entreprises ou à se lancer dans une aventure s’il n’y avait pour cela pas besoin d’hypothéquer sa maison ou de risque de se retrouver SDF une fois ses économies épuisées.
    Le 100% collectif (communisme) ou le 100% individuel (capitalisme libéral) ne permettent tout simplement pas aux individus qui composent la société de s’épanouir complètement.

  2. […] ajoute que si le monde ne vit pas aujourd’hui dans le bonheur le plus total c’est que la libéralisation des sociétés n’est pas encore […]

  3. […] m’est arrivé à plusieurs reprises de parler, sur ce blog, de ce que pourrait être notre pays s’il était organisé selon les préceptes des […]

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