C’est quand le bonheur libéral ?

on 16 novembre 2011 | 8 Comments

Le libéral – ou ultra-libéral, ou néo-libéral, c’est au choix – nous explique depuis qu’il a pris le pouvoir dans le monde occidental que sa théorie permet aux peuples de s’émanciper vers un bonheur commun. L’analogie avec son compère marxiste ne s’arrête pas là, puisqu’il ajoute que si le monde ne vit pas aujourd’hui dans le bonheur le plus total c’est que la libéralisation des sociétés n’est pas encore complète.

Friedrich Hayek

Ça me fait un peu penser à une analogie, celle du croyant qui a faim. Les prêtres lui disent : « Si tu meurs de faim, c’est que tu n’es pas assez croyant, tu ne pries pas assez. Les vrais croyants, eux, ne meurent pas de faim ! ». Le croyant prie alors plusieurs fois par jour, mais il a toujours aussi faim. Les prêtres lui disent alors « Tu ne pries pas encore assez, et Dieu te punit en te donnant faim. Inutile de manger, prie plus ! ». Le croyant prie alors à longueur de journée, mais  a encore plus faim. Alors les prêtres lui disent « Tu ne pries toujours pas assez ! ». Ainsi, il se met à prier jour et nuit, mais la faim l’assaille encore plus. Je ne finirai pas l’histoire en vous expliquant qu’à ce rythme le croyant finit par mourir, mais en faisant remarquer qu’à force de se laisser pressuriser en nous promettant un bonheur qui n’arrive jamais, on va finir par crever.

Je m’associe donc à la lettre ci-dessous publiée chez  OcéaneMipmipAgnèsSeeMee,Seb MussetCSPMarcoDadavidovVogelsong,Intox2007DedalusChristianBah !? By CC , Gaël,NicolasJojoAlter OuebAltermonde sans frontières,galueldrclehmanncent papiersdalipasune Autre vie,dada vidov365 motscrêpe GeorgetteChristian LehmannHeaven can waitmes coups de coeurgnaffron,Gauche de Combat, et Malaberg et que je vous invite à diffuser si cela vous chante !

A l’attention de: Jean-Michel Aphatie, Jacques Attali, Christophe Barbier, Eric Brunet, Yves Calvi, Monique Canto-Sperber, Jean-François Copé, Arnaud Dassier, Sophie De Menthon, Michel Godet, Eric Le Boucher, Alain Madelin, Alain Minc, Hervé Novelli, Catherine Ney, Laurence Parisot, Jean Quatremer, Pascal Salin, Hugues Serraf, Guy Sorman, Jean-Marc Sylvestre, Pierre-André Taguieff, Yves Thréard, Agnès Verdier-Molinié, Laurent Wauquiez.

« Madame, Monsieur,

Vous vous définissez vous-même comme étant de sensibilité « libérale » sur le plan économique et c’est bien évidemment votre droit le plus strict. Vous ne verrez donc pas d’inconvénients à être sollicité afin de répondre à une simple question.
Nous, blogueurs et citoyens de sensibilité de gauche, sommes depuis une trentaine d’années face à votre discours nous assurant que le libéralisme économique – ou néolibéralisme si vous préférez – ne sera qu’une promesse de bonheur et de liberté pour tout un chacun, humbles comme aisés, et qu’un passage, certes douloureux mais que vous nous assurez « nécessaire », par une période de temps plus ou moins difficile où serait mise en place une sévère mais juste « rigueur » économique, finira, à terme, par porter des fruits dont tout le monde sans exceptions profitera…
Disons le net : nous sommes sceptiques.
Non pas que nous mettions en doute votre bonne foi quant à ces affirmations : votre sur-présence médiatique depuis tant d’années nous a convaincu de votre sincérité. Mais tout de même, tout le monde finit par se demander, à force :
Ce fameux « bonheur néolibéral » qu’on nous promet depuis 30 ans, ça vient quand ?
Parce que dans un pays comprenant 8 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté et des salariés pressés comme des citrons en permanence, et où malheureusement il semble bien qu’une fraction fort malhonnête de personnes trouvent à s’enrichir en se contentant de siéger dans des conseils d’administration, il est quelque peu délicat de percevoir les bienfaits de ces fameux « marchés » que vous défendez pourtant mordicus en dépit du bon sens.
Comme toujours, vous répondrez à cela qu’il faut « poursuivre les réformes» parce qu’on a « pas assez libéralisé » ; mais soyons sérieux : il vous faut clairement admettre que vous vous êtes plantés. Qu’en 30 ans vous n’avez pas été foutus de faire quelque chose de bien. Et que le néolibéralisme n’a conduit qu’une fraction infime de gens très riches à encore plus s’enrichir au détriment de tous les autres.
Notre question sera donc : pourquoi ne pas admettre que votre idéologie est nuisible pour la majorité, que vous vous êtes plantés, et que dans l’intérêt général vis-à-vis duquel vos idées sont objectivement nuisibles, il serait mieux que vous laissiez tomber et passiez à autre chose ?
Dans l’attente de votre réponse, veuillez Madame Monsieur agréer l’expression de nos salutations distinguées. »

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8 Responses to “C’est quand le bonheur libéral ?”

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  4. 17 novembre 2011

    libéral Répondre

    « Madame, Monsieur,
    Vous vous définissez vous-même comme étant de sensibilité « anti-libérale » sur le plan économique et c’est bien évidemment votre droit le plus strict. Vous ne verrez donc pas d’inconvénients à être sollicité afin de répondre à une simple question.
    Nous, blogueurs et citoyens de sensibilité de libérale, sommes depuis une trentaine d’années face à votre discours nous assurant que le libéralisme économique – ou néolibéralisme si vous préférez – n’est qu’un enfer responsable de toutes les catastrophes depuis la mort d’un affamé au soudan jusqu’à la celle d’un ours blanc sur l’absence de banquise, en passant par le chômage, l’éducation nationale sinistrée, etc. (car tous les problèmes, absolument tous, sont imputés au néolibéralisme). Pendant que plus de « solidarité » et plus de « réglementation » , certes contraignante mais promesse de « justice sociale », finira, à terme, par porter des fruits dont tout le monde sans exceptions, et en commençant par les plus démunis, profitera…
    Disons le net : nous sommes sceptiques.
    Non pas que nous mettions en doute votre bonne foi quant à ces affirmations : votre sur-présence médiatique depuis tant d’années nous a convaincu de votre sincérité. Mais tout de même, tout le monde finit par se demander, à force :
    Ce fameux « croquemitaine néolibéral » avec lequel on nous fait peur depuis 30 ans, où est-il ?
    Parce que dans un pays où la dépense socialisé est passée de 40% à 56 % du PIB, où travailler est passible de lourdes amendes fiscales et sociales, où les salariés, les employeurs, et les travailleurs indépendants sont pressés comme des citrons en permanence, où on réglemente jusqu’au type d’ampoule électrique qu’il est possible d’acheter en attendant la vérification que ce sont bien « 5 fruits et légumes par jour » qui passent par notre bouche, et où malheureusement il semble bien qu’une fraction fort malhonnête de personnes trouvent à exploiter les ressources publiques pour alimenter leurs lubies et leur clientèle électorale voire leur propre portefeuille, il est quelque peu délicat de percevoir ce famaux néolibéralisme dont vous affirmez pourtant mordicus en dépit du bon sens qu’il est le coupable.
    Comme toujours, vous répondrez à cela qu’il faut « poursuivre la lutte » parce qu’on a « pas assez réglementé » ; mais soyons sérieux : il vous faut clairement admettre que vous vous êtes plantés. Qu’en 30 ans vous n’avez pas été foutus de faire quelque chose de bien. Que le néolibéralisme n’a pas plus d’effet sur les français que la licorne rose invisible, et que les fausses « solidarité » obligatoires dont vous prôner et obtenez le développement depuis trente ans ne sont pas la solution, mais le problème, à commencer par l’étouffement de la vraie solidarité, libre, volontaire.
    Notre question sera donc : pourquoi ne pas admettre que votre idéologie est nuisible pour la majorité, que vous vous êtes plantés, et que dans l’intérêt général vis-à-vis duquel vos idées sont objectivement nuisibles, il serait mieux que vous laissiez tomber et passiez à autre chose ?
    Dans l’attente de votre réponse, veuillez Madame Monsieur agréer l’expression de nos salutations distinguées. »

  5. […] sans frontières,galuel, drclehmann, cent papiers, dalipas, une Autre vie,dada vidov, 365 mots, crêpe Georgette, Christian Lehmann, Heaven can wait, mes coups de coeur, gnaffron,Gauche […]

  6. 18 novembre 2011

    JeanKarl Répondre

    La réponse des libéraux a la lettre ouverte :
    http://www.contrepoints.org/2011/11/17/56032-le-bonheur-du-socialisme-de-nos-jours-pour-tous
    Le capitalisme de connivence n’a rien a voir avec le libéralisme (qu’il soit économique ou politique) et cette lettre regorge de mensonges. L’état et les médias agitent le spectre du libéralisme (libéral est devenu une insulte en france) afin de pouvoir continuer a faire des cadeaux aux grands patrons, pour qu’ils restent en place, et les grands patrons aux politiciens, pour qu’ils restent en place aussi.
    Je vous invite sincèrement à lire cet article, et j’espère que vous arriviez a passer outre les attaques sur le socialisme, qui sont dues a la colère qu’a du éprouver l’auteur en voyant autant de mensonges et de manipulations dans cette lettre ouverte.

    • 24 novembre 2011

      Navyh Répondre

      Ton site là à part ,t’insulter et finir par t’interdire de commentaires quand on leur demande des précisions qui dérangent,je vois pas trop…je ne mettais jamais aussi vite fait virer d’un site.Vive l’intolérance !

  7. […] C’est quand le bonheur libéral ? […]